Chronique (2025)

Emprises & dépendances – divers – voyageurs
Crépusculaire
Sur les traces de l’ancienne ligne de Salins les Bains à Levier (Lemuy), mercredi 1er janvier 2025
Si ce n’est pas la première fois que je me balade sur le chemin du tracé historique du tacot, ancienne ligne à voie unique à écartement métrique reliant autrefois Salins et Levier, alors exploitée par la compagnie des Chemins de Fer d’intérêt local d’Andelot à Levier, c’est bien une première pour moi que de m’y rendre en plein hiver.
Une toute fin de journée en « errance » en solitaire dans le village de Lemuy et me voilà abordant l’ancienne gare, habitée, mais dont les emprises sont décidément toujours aussi peu entretenues, convoquant cependant un souvenir parfaitement évocateur en référence à une image extraite du très beau film L’aiguilleur, de Jos Stelling, où la silhouette de la gare de montagne écossaise, à l’exploitation en sursis dans le récit, se détache dans l’ombre d’un ciel aussi coloré que ténébreux. Beauté crépusculaire, combien de temps encore ?

voie ferrée, gare
La gare isolée dans L’aiguilleur (Jos Stelling, 1986), capture

Je poursuis ma marche songeuse et tranquille jusqu’à l’orée de la forêt voisine (le Franois), au crépuscule de cette première journée d’une nouvelle année, dont la neige présente et le froid renforcent l’atmosphère poétique.
Le silence qui m’accompagne m’est alors autant bienveillant par la tendresse de sa présence apaisante qu’attristant par l’absence d’êtres chers et les relations perdues dont il se fait insidieusement l’écho. Qui sait si sur le tracé de cette ligne défunte, d’autres silhouettes dansent au crépuscule, s’amusant peut-être de ces questionnements humains sans fin sur les rencontres, le sens de nos existences et leurs troubles chemins ?

Au retour par la route et non la voie, jeudi 02 janvier, c’est depuis l’A6 à hauteur d’Achères la Forêt en Seine et Marne que mon balayage oculaire identifiera furtivement, au sillon formé dans la végétation entre deux champs en contrebas de l’autoroute, un tracé laissant supposer l’existence passée d’une ligne ferroviaire, que mes recherches ultérieures confirmeront, correspondant à la ligne de Bourron Marlotte Grez à Malesherbes, dont la section nord est effectivement fermée aux voyageurs et aux marchandises respectivement depuis 1937 et 1950 ; c’est une obsession…